Le chiot
Durant sa prime jeunesse, le chiot est malléable. Entendez par là qu'il est
"programmé" pour s'intégrer à un groupe social de congénères et/ou d'êtres
humains.
Cet apprentissage automatique du milieu disparaît s'il n'est pas exploité
comme il faut, au bon moment.

En somme, le chiot doit être domestiqué en quelque sorte, pour ne pas
devenir un chien qui a des problèmes d'ordre relationnel importants durant
toute sa vie. Dans le jargon scientifique, on appelle "empreinte" un
phénomène instinctif qui apparaît dans une période sensible, extrêmement
importante chez le chiot, pour lui éviter d'avoir des problèmes sociaux plus
tard.
Cette période "critique" apparaît quand la maturité biologique l'amène à se
réaliser : avant c'est trop tôt, après c'est trop tard. Limitée dans le
temps et programmée par l'organisme, cette capacité d'intégration à un
groupe social (autres chiens ou êtres humains) disparaît si on ne l'exploite
pas comme il faut.
Dans la nature, l'apprentissage, par modification du comportement, est
orienté uniquement dans le sens de la conservation de l'espèce. Alors que,
dans notre civilisation, le chiot doit être placé dans le moule de l'animal
sociable et adapté au milieu humain, qu'on le veuille ou non. Le phénomène
de l'empreinte (on dit encore de l'imprégnation) a été étudié chez diverses
espèces animales, et chez le chiot par Scott-Fuller-Fox.
La plupart des auteurs s'accordent pour limiter cette période entre la 3ème
et la 12ème semaine chez le chiot. Personnellement, et au vu des expériences
faites sur les canidés sauvages, en particulier sur le loup, je suis enclin
à la faire démarrer à partir du 10ème jour, au moment où le chiot ouvre les
yeux et commence à réagir aux stimulations extérieures autrement que par des
réflexes (réflexes d'enfouissement, de succion, de déglutition, etc.)
A 15 jours, le chiot est déjà capable d'identifier les personnes. Il entend,
car il a le réflexe de sursauter, en cas de bruit soudain. Il sait
s'orienter visuellement car il tourne la tête vers la source de lumière. Sa
démarche est encore vacillante à l'arrière, mais on commence à observer un
réflexe de soutien positif sur les membres postérieurs (auparavant seuls les
antérieurs étaient utilisés).
Emploi de son temps
Son emploi du temps peut se répartir de la manière suivante :
50 % de sommeil avec
tremblements des pattes et du corps, soubresauts, respiration accélérée par
moment, mouvements résiduels des paupières, des babines, des oreilles.
15 % de sommeil calme en
relaxation totale.
35 % de période d'éveil où il
utilise un comportement exploratoire en étoile qui va de la mère aux
extrémités du nid.
Il est déjà capable de grogner et même d'aboyer. Les éleveurs consciencieux
peuvent, dès ce moment-là, noter quotidiennement et individuellement le
développement psychomoteur de chaque chiot. Le tonus signe déjà les qualités
d'éveil et le comportement futur des individus.
C'est l'époque où le chiot doit avoir ses premiers contacts corporels avec
l'homme qui le manipule doucement. Inversement, le chiot isolé des hommes
deviendra plus tard un chien sauvage et craintif, imprévisible, indépendant,
quelquefois dangereux, inapte au travail pour les races d'utilité. Isolé des
autres chiens : mère, frères et sœurs, congénères, il sera incapable plus
tard de se reproduire correctement (parade sexuelle et monte, comportement
d'accoucheuse et élevage des petits), d'avoir des rapports sociaux et
hiérarchiques.
Il aura des problèmes psychologiques d'ordre relationnel importants toute sa
vie. On note toutefois que le phénomène de l'empreinte a lieu même si le
chiot est traité avec indifférence et peu choyé, que ce soit par les autres
chiens ou par des êtres humains, pourvu qu'il y ait contact; seul le degré
de l'imprégnation différera.
Un besoin de contacts
A partir de 3 semaines, l'univers du chiot s'agrandit. Il est capable de
relations sociales et de communiquer et il adopte un comportement de
curiosité qui l'ouvre réellement sur le monde.
Comme il ne connaît pas la peur, il est attiré par tout ce qui est nouveau,
y compris par les autres espèces comme le chat de la maison (plus tard, il
ne poursuivra pas les représentants de la gent féline car ils sont
enregistrés dans sa mémoire comme appartenant à une espèce reconnue).
Il déambule de plus en plus loin sur les frontières du nid qu'il a tendance
à dépasser pour explorer de nouveaux territoires.
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L'éleveur et sa famille
Homme, femme, enfants doivent lui consacrer chaque jour, au moins de trente
minutes à une heure de caresses et de paroles. On a remarqué que les chiots
qui étaient élevés par des femmes faisaient une imprégnation sélective et
qu'ils demeuraient timides et réservés devant les hommes (et inversement).
Aussi les "expériences" faites avec les êtres humains doivent-elles porter
également sur des étrangers à la famille. Il faut profiter de ce besoin de
contacts pour lui en offrir une grande variété.
Une vraie "aire" de jeux
Pour parfaire l'éducation qui donne des chiens équilibrés et sociables,
parfaitement à l'aise dans la vie, on doit même enrichir leur univers par
des éléments qui le sollicitent à chaque moment où il cherche à jouer et à
explorer.
En effet, il ne faut pas oublier que ses cellules nerveuses sont en plein
développement et que son cerveau a besoin de stimulations, renouvelées pour
se former d'une manière bénéfique à son séjour près de l'homme plus tard.
On lui offrira donc une vraie "aire" de jeux avec une foule d'objets à
reconnaître et à tester par la gueule, les pattes, le corps, le nez, les
oreilles. Cela peut aller de la boîte métallique contenant des gravillons,
des balles, des chiffons suspendus à portée de mâchoires, des sacs d'herbes
odorantes, à la radio ou au magnétophone qui diffusent des musiques et des
sons divers (sonneries, coups de feu, klaxons, bruits de foule, chants
d'oiseaux, etc.).
Les bases de l'obéissance
Dès 7 semaines, le chiot se comporte "comme un grand" buvant en lapant,
faisant ses besoins hors du nid, agitant la queue en reconnaissant l'éleveur
qui s'approche. C'est également la période où les relations sociales et où
la hiérarchie prennent toute leur dimension : cela a lieu par le biais de
contacts avec les frères et sœurs (la morsure est interrompue dès que le
mordu se met à couiner), ainsi que par l'épouillage symbolique dans les
moments de détente, ce qui resserre les liens de la meute.
Le jeu ritualise les situations et des complexes d'activités sont intégrés
avec un investissement émotionnel. La peur apparaît : aussi les expériences
doivent-elles être mises au point mort de la part de l'éleveur. Vers 8
semaines, au moment du sevrage, la hiérarchie est déjà bien installée dans
le groupe et le chiot est capable d'apprentissage à condition que l'homme
agisse en douceur en renforçant les bons comportements.
C'est à cet âge qu'on doit lui offrir le moyen de connaître les bases de
l'obéissance ainsi que celles du pistage ou du rapport d'objet. Il doit tout
connaître, mais sans jamais y être contraint. Cependant, ainsi, les schémas
de ces comportements s'inscrivent dans sa mémoire et plus tard, il sera très
facile de les mobiliser et de les perfectionner pour avoir un chien
obéissant et toujours "partant".
A quel âge l'acheter ?
En ce qui concerne l'âge auquel il faut le prendre à l'élevage, il est
évident que cela aura également une incidence sur la formation de sa
personnalité de chien adulte. L'éleveur joue donc un rôle important: les
chiots souvent déjà préparés, orientés vers leur emploi futur, grâce aux
types de stimulations fournies : manipulations, sons, source de chaleur,
éclairages, etc.
En général, un chien qui doit être très vif, très actif, comme le sont les
chiens d'utilisation, est enlevé à l'élevage à 8 semaines : à condition
bien sûr, que le maître sache vraiment l'adapter à son milieu et continuer
l'œuvre d'ouverture et l'adaptation au monde entreprise chez l'éleveur.
Quant aux futurs chiens de compagnie, si le chiot est dans un bon élevage,
il peut y rester jusqu'à 12 semaines environ. Là, la présence de sa mère et
d'autres chiens contribue à lui faire conserver des caractères juvéniles,
lesquels donnent des chiens à la fois calmes et joueurs, très doux et très
sociables.

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